Avez-vous déjà ressenti une montée d’angoisse intense alors que, de l’extérieur, tout semblait aller pour le mieux ? Un matin ordinaire, une réunion de travail sans enjeu particulier, ou un repas en famille… et pourtant, tout à coup, le cœur s’emballe, la respiration se fait plus courte, et une vague de panique vous envahit. Vous avez l’impression de perdre le contrôle, sans comprendre pourquoi. Ce phénomène peut parfois être lié à un facteur sous-jacent que l’on ne soupçonne pas toujours : l’estime de soi.
Quand le doute sur soi devient un poison invisible
L’estime de soi, c’est la manière dont nous nous percevons et nous jugeons intérieurement. Se sentir à la hauteur, compétent, digne d’être apprécié… ou, à l’inverse, se penser incapable, nul, insignifiant. Bien souvent, ce dialogue intérieur est discret, mais il façonne notre manière d’être au quotidien. Et lorsqu’il est marqué par le doute et la dévalorisation, il devient un poison invisible, qui peut se transformer en véritable piège.
Prenons l’exemple de Dimitri, un jeune cadre dynamique qui, en apparence, réussit brillamment. Cependant, dès qu’il est confronté à des situations où il doit prendre la parole en public, il se sent submergé par une angoisse incontrôlable. Cette peur panique, Dimitri ne l’associe pas immédiatement à son estime de soi. Pourtant, au fil de nos discussions, il prend conscience que cette crise n’a rien à voir avec ses compétences réelles, mais avec la sensation de ne jamais être suffisamment bon et de craindre, au fond de lui, d’être « démasqué » comme un imposteur.
Pourquoi l’angoisse surgit là où on ne l’attend pas
Les crises d’angoisse surviennent souvent de manière imprévisible parce qu’elles sont liées à des émotions refoulées et des croyances ancrées depuis longtemps. Si ces croyances ne sont pas identifiées et prises en charge, elles finissent par exploser sous forme de crises à des moments où on se sent plus vulnérable. La sensation d’être « nul » ou « insignifiant » reste latente, souvent masquée par un quotidien bien rempli, mais un mot de travers, un regard perçu comme critique, ou simplement un moment où l’on se retrouve seul avec soi-même peut suffire à faire basculer l’équilibre fragile.
Chez Chérine, par exemple, les crises d’angoisse apparaissent après chaque succès professionnel. En creusant ensemble, nous avons découvert qu’elle se sent indigne de ses réussites, comme si elle n’avait jamais droit à la reconnaissance. Cette dévalorisation constante, qui prend racine dans des messages qu’elle a reçus dans l’enfance, se réveille dès qu’elle atteint ses objectifs : plus elle réussit, plus la pression monte, et plus l’angoisse la paralyse.
L’angoisse comme un signal d’alerte
Ce qu’il est important de comprendre, c’est que les crises d’angoisse ne sont pas des ennemies. Elles ne sont pas des preuves de faiblesse, ni des signes de folie. Au contraire, elles agissent comme un signal d’alerte, un moyen pour le corps et l’esprit de dire : « Il y a quelque chose que tu n’as pas encore pris en compte. » Et très souvent, ce « quelque chose », c’est la manière dont on se perçoit soi-même.
Quand l’estime de soi est faible, la moindre difficulté devient une montagne insurmontable. Se sentir inadéquat dans un rôle de parent, de collègue ou même d’ami peut suffire à faire déborder la coupe. On veut prouver qu’on est à la hauteur, mais la peur de l’échec devient si envahissante que le corps s’emballe et réagit de manière disproportionnée.
Sortir du cercle vicieux : une estime de soi réévaluée
Alors, comment apaiser ces crises d’angoisse qui prennent racine dans une estime de soi fragilisée ? La première étape est de prendre conscience de ce lien. S’autoriser à dire : « Je doute de moi, et c’est peut-être ça qui nourrit mon angoisse. » Ce n’est pas facile, car reconnaître un problème d’estime de soi peut être douloureux. Mais c’est aussi libérateur.
L’étape suivante est de travailler sur ces croyances qui alimentent le doute. En thérapie, j’aide souvent mes patients à identifier les sources de cette dévalorisation et à déconstruire les messages qui les emprisonnent. Les techniques comme l’EMDR, l’hypnose ou les approches narratives permettent de retracer l’histoire de ces croyances et de les recontextualiser. Ce travail en profondeur aide à renforcer l’estime de soi, à la reconnecter à ce qui est authentiquement vécu plutôt qu’à une image déformée de soi.
Pour Dimitri, ce travail a consisté à se réapproprier ses succès passés et à accepter qu’il pouvait avoir le droit de se tromper sans que cela remette en question toute sa valeur. Pour Chérine, il a fallu reconnaître qu’elle avait le droit d’être fière d’elle-même, sans attendre que les autres valident ses accomplissements.
Se sentir à la hauteur, c’est accepter qu’on ne peut pas tout maîtriser, tout réussir, tout le temps. C’est reconnaître que l’on a des forces, mais aussi des faiblesses, et que cela ne nous rend ni nul ni insignifiant. En développant une estime de soi plus équilibrée, les crises d’angoisse perdent de leur intensité, car elles n’ont plus besoin de rappeler à notre esprit cette lutte intérieure pour se sentir légitime.
Apprendre à s’accorder cette bienveillance est un chemin, parfois long, mais indispensable pour retrouver une sérénité durable. Si vous vous reconnaissez dans ces descriptions, rappelez-vous que vous n’êtes pas seul. Ces doutes sur soi, cette impression de ne pas être « assez », peuvent se travailler et se transformer pour que l’angoisse devienne enfin une alliée qui vous guide vers une meilleure compréhension de vous-même.
Vous aimeriez en savoir plus ? N’hésitez pas à consulter mes autres articles, ou à prendre rendez-vous pour un accompagnement personnalisé.
À propos de l’auteur
Frédéric Makhlouf, praticien en psychothérapie, dédié à guider ceux qui souhaitent entamer un parcours de résilience. Mon approche bienveillante encourage chacun à explorer ses difficultés pour retrouver équilibre et vitalité. Prêt à franchir le premier pas? Je vous propose un appel d’écoute pour vous accompagner dans cette démarche.