Il arrive que des patients viennent me consulter, profondément inquiets, me demandant s’ils deviennent fous. Les crises d’angoisse peuvent parfois créer un sentiment tellement intense de déconnexion avec la réalité que certaines personnes se demandent si elles ne sont pas en train de perdre le contrôle de leur esprit.
Elles ont peur d’entendre des voix, de devenir schizophrènes, ou encore de perdre définitivement pied. Aujourd’hui, nous allons aborder ces moments particulièrement effrayants d’une crise d’angoisse, où la dépersonnalisation et la déréalisation peuvent entraîner une sensation d’éloignement de soi et du monde qui nous entoure.
Je vais vous parler de Julien, un personnage fictif qui reflète les préoccupations de nombreux patients que je reçois en consultation.
Julien, 29 ans, est venu me consulter pour la première fois il y a quelques mois. Depuis plusieurs semaines, il ressentait des symptômes qu’il ne comprenait pas et qui l’inquiétaient profondément. Il me racontait qu’il avait souvent l’impression de perdre contact avec la réalité. Parfois, il se sentait comme s’il était en dehors de son propre corps, comme un spectateur de sa vie. À d’autres moments, tout autour de lui semblait étrange et déformé, presque comme s’il regardait le monde à travers un écran.
Julien se demandait s’il n’était pas en train de devenir schizophrène. « Parfois, je me demande si je n’entends pas des voix… Est-ce que je perds la tête ? » me disait-il avec une angoisse palpable. Il avait entendu parler de la schizophrénie et craignait que ses symptômes ne soient le signe avant-coureur de cette maladie.

Dépersonnalisation et déréalisation : comprendre ces phénomènes

Ce que Julien vivait est loin d’être rare chez les personnes souffrant de crises d’angoisse. Ces sensations d’éloignement de soi-même ou de la réalité sont des phénomènes connus sous le nom de dépersonnalisation et déréalisation.
– La dépersonnalisation survient lorsque vous avez l’impression de vous observer de l’extérieur, comme si vous étiez détaché de votre propre corps ou de vos émotions. Cela peut donner une sensation de flottement, comme si vous étiez un simple spectateur de votre existence.
– La déréalisation, quant à elle, donne l’impression que le monde extérieur n’est pas réel ou qu’il est déformé. Les personnes qui en souffrent décrivent souvent une impression d’irréalité, comme si leur environnement était étranger ou qu’elles vivaient dans un rêve.
Ces deux phénomènes peuvent survenir lors d’une crise d’angoisse intense et sont souvent interprétés à tort comme des signes d’une maladie mentale grave, comme la schizophrénie. Or, il est important de comprendre que ces sensations, aussi déstabilisantes soient-elles, ne sont pas le signe d’une psychose ou d’une perte de contrôle définitive de l’esprit.
Vous n’êtes pas fou !

La différence entre crise d’angoisse et folie

L’une des plus grandes craintes de mes patients, comme Julien, est de confondre ces sensations liées à l’anxiété avec une maladie mentale plus grave, telle que la schizophrénie. Il est donc essentiel de faire la distinction entre ces deux conditions.
La schizophrénie est une maladie psychiatrique complexe qui se manifeste par des symptômes tels que des hallucinations (entendre des voix, voir des choses qui n’existent pas), des délires, et une altération marquée du contact avec la réalité. Elle se développe généralement de manière progressive et affecte profondément la perception et les pensées de la personne, au point que celles-ci ne s’en rendent souvent pas compte.
À l’inverse, lors d’une crise d’angoisse, les personnes sont très conscientes de leurs symptômes et ressentent une intense panique face à ce qu’elles traversent. Elles se demandent si elles deviennent folles, mais elles gardent tout de même un certain recul et une conscience du caractère étrange de ce qu’elles vivent, ce qui n’est généralement pas le cas dans la schizophrénie.

Pourquoi ces symptômes apparaissent-ils lors des crises d’angoisse ?

Le corps humain a une incroyable capacité à réagir face au danger. Lors d’une crise d’angoisse, le cerveau déclenche une réaction de « combat ou fuite », libérant des hormones de stress qui préparent le corps à affronter une menace. Cependant, dans le cas d’une crise d’angoisse, cette menace est souvent invisible, et le cerveau réagit comme si un danger était imminent.
C’est cette activation intense du système nerveux qui peut entraîner des sensations de dépersonnalisation et de déréalisation. Le cerveau, sous l’effet du stress, devient tellement saturé qu’il peut provoquer un « court-circuit » temporaire, créant ainsi ces sensations d’étrangeté et de déconnexion.

Comment gérer ces sensations effrayantes ?

Pour Julien, comme pour beaucoup d’autres, la première étape a été de comprendre que ce qu’il ressentait n’était pas le signe d’une folie, mais bien une réaction normale à une anxiété intense. Cela l’a immédiatement soulagé. Savoir qu’il n’était pas en train de devenir schizophrène a permis de diminuer son niveau de panique.

Voici quelques conseils que je donne à mes patients pour mieux gérer ces symptômes :

1. Rassurez-vous : Ces sensations ne sont pas dangereuses. Elles sont le résultat d’un stress élevé et disparaissent généralement une fois que l’angoisse est maîtrisée.
2. Respirez profondément : La respiration contrôlée permet de calmer le système nerveux. Pratiquez des exercices de respiration profonde pour retrouver un état de calme.
3. Revenez dans l’instant présent : Utilisez des techniques de pleine conscience* pour vous ancrer dans le moment présent. Prenez le temps de sentir ce qui vous entoure (vos pieds sur le sol, la texture d’un objet que vous tenez) pour revenir à la réalité.
4. Parlez-en : Consulter un psychothérapeute peut vous aider à comprendre et à gérer ces sensations. Il est important de ne pas rester seul avec vos peurs.
Les sensations de dépersonnalisation et de déréalisation lors des crises d’angoisse, bien que terrifiantes, sont en réalité des réponses normales à un stress intense. Julien, ce personnage fictif qui reflète les histoires de nombreux patients que je reçois, a pu surmonter sa peur en comprenant ce qu’il vivait. Si vous ressentez ce genre de symptômes, sachez que vous n’êtes pas seul et qu’il existe des solutions pour retrouver un sentiment de sécurité.

*Qu’est-ce que la pleine conscience en thérapie ?

La pleine conscience, ou mindfulness, est une pratique qui consiste à porter son attention sur l’instant présent, de manière intentionnelle et sans jugement. En thérapie, elle aide les patients à développer une meilleure conscience de leurs pensées, de leurs émotions et de leurs sensations corporelles. Cela permet de prendre du recul face aux situations stressantes et d’éviter de se laisser submerger par les pensées automatiques ou les émotions négatives.
En pratiquant régulièrement la pleine conscience, les patients apprennent à se reconnecter à eux-mêmes, à réguler leur anxiété et à cultiver un état de calme et de sérénité dans leur quotidien.

À propos de l’auteur

Frédéric Makhlouf, praticien en psychothérapie, dédié à guider ceux qui souhaitent entamer un parcours de résilience. Mon approche bienveillante encourage chacun à explorer ses difficultés pour retrouver équilibre et vitalité. Prêt à franchir le premier pas? Je vous propose un appel d’écoute pour vous accompagner dans cette démarche.