« Je ne vais pas y arriver. » Ce ne sont que quelques mots, mais pour ceux qui les prononcent, ces mots sont souvent le reflet d’un tourment intérieur bien plus profond. En tant que thérapeute, j’ai accompagné de nombreuses personnes dans ce combat contre leur propre esprit, là où le doute devient une véritable prison mentale, étouffant toute tentative de se projeter dans un avenir meilleur.
Derrière cette simple phrase, se cachent souvent des souffrances bien plus complexes : anxiété paralysante, dépression, troubles de l’humeur, mais aussi une angoisse existentielle qui peut envahir chaque moment du quotidien. Voici deux exemples de personnages fictifs (qui ressemblent à des patients que j’ai accompagnés), dont les vies étaient dominées par cette croyance qu’ils ne pouvaient tout simplement pas y arriver.
Stella : L’anxiété de performance et la terreur de l’échec
Stella, 22 ans, souffrait d’une anxiété de performance aiguë. À l’approche de ses examens universitaires, elle était submergée par une peur irrationnelle de l’échec. Chaque pensée, chaque tentative de révision était immédiatement interrompue par cette voix intérieure répétant inlassablement : « Je ne vais pas y arriver. » Ce n’était pas qu’un simple doute, mais une certitude douloureuse qui venait nourrir un état d’hypervigilance constant.
Les symptômes : Stella souffrait de crises d’angoisse sévères, déclenchées par le stress des examens. Sa respiration devenait saccadée, ses mains moites, son cœur battait à toute vitesse. Elle se réveillait en pleine nuit, envahie par des pensées obsédantes autour de son incapacité à réussir. Cette peur de l’échec était tellement enracinée en elle qu’elle en venait à douter de son propre mérite, ce qui la plongeait dans un état proche de la dépression. Ses relations sociales en pâtissaient aussi, car elle s’isolait de plus en plus, convaincue que personne ne pouvait comprendre son mal-être.
L’accompagnement : Dans le cadre de notre travail thérapeutique, j’ai aidé Stella à identifier et déconstruire ses schémas de pensée catastrophiques. Sa peur de l’échec, irrationnelle et envahissante, était enracinée dans une estime de soi extrêmement fragile. Nous avons travaillé sur la technique de la restructuration cognitive*, où Marie a appris à identifier ses pensées automatiques et à leur opposer des contre-arguments basés sur la réalité. J’ai également introduit des techniques de relaxation progressive pour l’aider à mieux gérer ses crises d’angoisse, et nous avons exploré son rapport à la perfection, source de son anxiété de performance.
Petit à petit, Stella a appris à accepter l’imperfection et à se libérer du poids paralysant du perfectionnisme. Elle a compris que l’échec fait partie du processus d’apprentissage et que réussir ne signifiait pas être infaillible.
2. Ahmed : L’anxiété sociale et la peur viscérale de décevoir
Ahmed, 35 ans, souffrait d’un trouble de l’anxiété sociale. Chaque fois qu’une promotion professionnelle lui était proposée, il ressentait une peur incontrôlable de l’échec et, pire encore, de la honte publique. « Je ne vais jamais y arriver », répétait-il, convaincu que la moindre erreur de sa part serait immédiatement visible par ses collègues et qu’il en perdrait toute crédibilité.
Les symptômes : L’anxiété sociale d’Ahmed se manifestait par une hypervigilance constante. Il analysait en permanence les réactions des autres, à l’affût de la moindre preuve qu’il était jugé ou critiqué. Ses pensées étaient marquées par des schémas de pensées dichotomiques, où tout était noir ou blanc : soit il réussissait parfaitement, soit il échouait misérablement. Il craignait l’humiliation plus que tout et redoutait de faire le moindre faux pas. Cette anxiété sociale le poussait à éviter les situations où il pourrait être évalué ou jugé, ce qui alimentait encore plus son sentiment d’incompétence.
L’accompagnement : Avec Ahmed, nous avons travaillé sur l’exposition graduée. Il s’agissait de l’aider à affronter progressivement des situations où il se sentait évalué, tout en apprenant à tolérer l’inconfort émotionnel sans céder à l’évitement. Ensemble, nous avons également exploré les croyances sous-jacentes qui alimentaient son anxiété sociale : son sentiment d’être fondamentalement inadéquat et son besoin profond d’approbation extérieure.
Au fil du temps, Ahmed a appris à mieux gérer son anxiété en utilisant des techniques de mindfulness (pleine conscience), en se concentrant sur l’instant présent plutôt que sur ses peurs anticipatoires. Il a fini par accepter la promotion qu’il avait tant redoutée et a découvert qu’il pouvait non seulement y arriver, mais qu’il était aussi respecté pour ses compétences.
La pensée « Je ne vais pas y arriver » est bien plus qu’une simple expression d’incertitude. Elle peut être le symptôme d’un trouble anxieux, ou d’une dépression, ou encore d’un manque profond de sens. Lorsque ce doute s’enracine, il peut nourrir une angoisse existentielle, cette peur viscérale de ne pas être à la hauteur, de ne pas trouver sa place, de ne jamais vraiment « arriver » à quoi que ce soit.
Mais à travers la psychothérapie, il est possible de remettre en question ces croyances profondément ancrées. Chacun de mes patients, qu’ils aient été confrontés à l’anxiété, à la dépression, ou à des troubles de l’humeur, a pu, avec un accompagnement adapté, trouver une issue à ce labyrinthe mental.
*La restructuration cognitive est une technique utilisée en thérapie pour aider les gens à changer la façon dont ils pensent. Parfois, nous avons des pensées automatiques négatives ou irrationnelles qui nous rendent anxieux, tristes ou stressés. La restructuration cognitive aide à identifier ces pensées et à les remplacer par des pensées plus réalistes et positives.
En gros, cela fonctionne en trois étapes :
1. Identifier les pensées négatives : La première étape est de repérer les pensées qui nous traversent l’esprit dans des situations difficiles. Par exemple, après une erreur, on pourrait penser « Je suis nul », sans même y réfléchir.
2. Remettre en question ces pensées : Ensuite, on examine ces pensées pour voir si elles sont vraiment vraies. Peut-être qu’elles sont exagérées ou non fondées. Par exemple, est-ce que vraiment une seule erreur fait de moi quelqu’un de nul ?
3. Remplacer par des pensées plus positives et plus justes : Enfin, on essaye de remplacer ces pensées négatives par des pensées plus réalistes et positives. Au lieu de « Je suis nul », on pourrait se dire « J’ai fait une erreur, mais je peux apprendre et m’améliorer ».
L’objectif est d’apprendre à voir les situations d’une manière plus équilibrée, ce qui aide à mieux gérer ses émotions et à se sentir mieux au quotidien.

À propos de l’auteur

Frédéric Makhlouf, praticien en psychothérapie, dédié à guider ceux qui souhaitent entamer un parcours de résilience. Mon approche bienveillante encourage chacun à explorer ses difficultés pour retrouver équilibre et vitalité. Prêt à franchir le premier pas? Je vous propose un appel d’écoute pour vous accompagner dans cette démarche.