Dans notre pratique de la psychothérapie, nous rencontrons de plus en plus de jeunes patients dont les problématiques de santé mentale sont exacerbées par l’utilisation excessive des écrans. Le livre de Michel Desmurget, « La Fabrique du crétin digital », nous offre un éclairage précieux sur ces enjeux contemporains. Desmurget, neurobiologiste de renom, explore l’impact des technologies numériques sur le développement cognitif et émotionnel des enfants et adolescents, mettant en lumière des conséquences alarmantes.
Michel Desmurget démontre, à travers une analyse rigoureuse de nombreuses études scientifiques, que l’omniprésence des écrans dans la vie des jeunes contribue à une diminution des capacités intellectuelles, des problèmes de concentration, une baisse de la réussite scolaire, ainsi que des troubles du sommeil. Il souligne également que ces technologies affectent profondément le développement des interactions sociales et des compétences essentielles pour la vie quotidienne.

Écrans et Santé Mentale : Une Corrélation Alarmante

L’un des points clés que Desmurget aborde est le lien entre l’usage excessif des écrans et l’augmentation des troubles de santé mentale, notamment l’anxiété et la dépression. Les enfants et adolescents qui passent de longues heures devant des écrans, souvent engagés dans des activités de défilement infini (le « scroll »), développent des symptômes anxieux et dépressifs plus fréquemment. Cette pratique entraîne une surexposition à des contenus souvent superficiels, anxiogènes, voire toxiques, contribuant à une vision déformée de la réalité et à une perte de repères.
Le « scrolling », ou défilement infini, est conçu pour capter et retenir l’attention des utilisateurs le plus longtemps possible, en exploitant les mécanismes de récompense du cerveau. Ce processus répétitif et compulsif est une forme d’addiction numérique qui altère les circuits neuronaux, réduisant la capacité de concentration et augmentant les niveaux de stress et d’anxiété. En effet, chaque nouvel élément de contenu découvert lors du défilement peut provoquer une décharge de dopamine, renforçant le comportement addictif.
De plus en plus de patients consultent des thérapeutes en raison d’une anxiété accrue liée au scrolling incessant. Ils expriment une culpabilité intense de ne pas réussir à s’arrêter, se sentant piégés dans un cycle d’auto-destruction qui les laisse de plus en plus déprimés et anxieux. Leur estime de soi en prend un coup sévère, les plongeant dans une forme de léthargie ou de neurasthénie qui les empêche de vivre pleinement dans la réalité. Ce rapport addictif aux écrans les détruit peu à peu, sapant leur capacité à interagir de manière authentique avec le monde.
Dans notre travail thérapeutique, nous nous efforçons de reconstruire ces vies affectées par l’addiction aux écrans. Nous aidons nos patients à rétablir un équilibre en réintroduisant des activités enrichissantes et salutaires dans leur quotidien. Après un travail de reconstruction approfondi, nous observons que nos patients commencent à :
– Retrouver le plaisir de la lecture et de la réflexion autonome.
– Réacquérir une capacité critique et indépendante de penser.
– Réintégrer des activités physiques régulières qui favorisent le bien-être général.
– Reprendre goût à des activités extérieures et sociales qui les ancrent dans le réel.
« La Fabrique du crétin digital » de Michel Desmurget est un ouvrage essentiel qui souligne l’urgence de repenser notre rapport aux écrans pour protéger le développement cognitif et émotionnel des jeunes générations. En intégrant ces réflexions dans notre pratique de la psychothérapie, nous pouvons mieux accompagner nos patients vers une santé mentale plus équilibrée et résiliente, en les aidant à naviguer dans un monde de plus en plus digitalisé avec une conscience critique et des habitudes saines.