Le terme burn-out est de plus en plus présent dans nos discussions autour de la santé mentale au travail. Pourtant, il est parfois difficile de distinguer ce qui relève d’un véritable burn-out tel que défini par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) d’un épuisement psychologique lié à des relations toxiques en entreprise. Surtout lorsque la fatigue mentale et émotionnelle est alimentée par des interactions néfastes avec un supérieur hiérarchique ou des collègues, plutôt que par une charge de travail excessive.
La définition du burn-out selon l’OMS
D’après l’OMS, le burn-out est un « syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été correctement géré ». Il se caractérise par trois éléments principaux :
1. Un sentiment d’épuisement intense qui persiste, même après le repos.
2. Un détachement émotionnel vis-à-vis de ses tâches, une perte d’engagement.
3. Une diminution de l’efficacité professionnelle accompagnée d’un sentiment de ne plus être à la hauteur.
Le burn-out s’installe souvent progressivement, à cause d’une accumulation de stress professionnel, de tâches interminables et d’une pression continue.
L’épuisement toxique : le piège des relations destructrices
À l’inverse, ce qu’on pourrait appeler un épuisement toxique est plus subtil, souvent moins visible, mais tout aussi destructeur. Il survient lorsque l’environnement de travail est parasité par des relations malsaines. Ce type d’épuisement ne correspond pas toujours aux critères du burn-out selon l’OMS, mais ses effets sur le bien-être peuvent être tout aussi délétères. À la différence du burn-out, il est alimenté par :
– Des relations toxiques : un supérieur qui critique constamment, une direction qui manipule les émotions, un collègue qui cultive la compétition malsaine.
– Une remise en question constante : vous êtes sous pression pour prouver votre valeur et avez l’impression de marcher sur des œufs en permanence.
– Une perte de confiance progressive : vous commencez à douter de vos compétences et à vous voir sous un jour négatif, non pas à cause de la quantité de travail, mais en raison du climat émotionnel et relationnel au bureau.
Témoignages de femmes prises au piège des relations toxiques
(personnages fictifs inspirés de ma pratique de la psychothérapie)
Prenons l’exemple de Caroline, 43 ans, cadre dans une grande entreprise. Caroline se décrit comme une femme compétente et engagée, mais depuis l’arrivée de son nouveau manager, tout a changé. Elle a commencé à recevoir des critiques sur des points jusque-là jamais remis en question. Tout, dans son travail, est passé au crible avec une exigence excessive et des commentaires sarcastiques. Caroline rentre chez elle chaque soir épuisée, non pas par la charge de travail, mais par les échanges quotidiens avec ce supérieur qui semble avoir fait d’elle sa cible.
Petit à petit, Caroline a commencé à douter d’elle-même. Le soir, elle rejoue les conversations dans sa tête, s’en veut de ne pas avoir trouvé la bonne réponse, a l’impression de se faire manipuler. Elle pensait être en burn-out, mais en réalité, son épuisement est davantage lié à cette relation destructrice. Lors de nos séances de psychothérapie, Caroline comprend que la source de son mal-être n’était pas le travail en lui-même, mais le climat toxique imposé par son manager.
Le manager de Caroline exerce un comportement toxique qui se manifeste par des critiques incessantes et des remarques sournoises, souvent déguisées en conseils. Plutôt que de pointer des erreurs de manière constructive, il choisit les moments où Caroline est le plus vulnérable pour la déstabiliser, comme lors des réunions d’équipe ou en envoyant des emails tard le soir, créant une pression subtile mais continue. Il multiplie les sous-entendus pour faire passer Caroline pour incompétente devant ses collègues, allant même jusqu’à remettre en question ses compétences sur des tâches où elle excelle. Peu à peu, il a instauré un climat de méfiance où Caroline n’ose plus proposer d’idées, par peur de se faire humilier. Le but n’est jamais explicite, mais le message est clair : la fragiliser, la faire douter d’elle-même, et asseoir son pouvoir sur elle.
Le fait de comprendre et de verbaliser ce qui est arrivé a permis à Caroline d’apaiser ses tensions psychiques et de trouver des solutions pour s’en sortir.
Sophie, 39 ans, a vécu une expérience similaire. Directrice des ressources humaines, elle a toujours su se faire respecter. Pourtant, après une réorganisation, elle s’est retrouvée sous la responsabilité d’un supérieur hiérarchique qui la rabaissait publiquement en réunion, contredisait systématiquement ses avis et lui confiait des tâches humiliantes, en dehors de ses compétences. Sophie se sentait vidée, épuisée, incapable de prendre une décision. Sa confiance en elle s’est effritée au fil des mois, jusqu’à ce qu’elle ne se reconnaisse plus. Elle n’était pas en burn-out selon les critères de l’OMS, mais la toxicité de cette relation a suffi à briser son équilibre.
Comment savoir si vous vivez un burn-out ou un épuisement toxique ?
Il peut être difficile de distinguer les deux, surtout quand les symptômes – fatigue, perte d’intérêt, baisse de motivation – se recoupent. Voici quelques éléments pour vous aider à y voir plus clair :
– Charge de travail vs. climat relationnel : Dans le burn-out, la quantité de travail est généralement un facteur déclencheur. Dans un épuisement toxique, ce sont les interactions au travail qui vous épuisent.
– Sentiment d’insécurité : Si vous vous sentez en danger émotionnel (peur de parler, peur de déplaire, peur d’être licencié), il est probable que la cause soit liée à la relation plutôt qu’au travail lui-même.
– Récupération difficile : Le burn-out induit un épuisement qui persiste même après le repos. Si vous constatez que le simple fait de ne pas croiser certaines personnes suffit à vous redonner de l’énergie, cela peut être un signe d’épuisement toxique.
Comment se protéger ?
Si vous vous reconnaissez dans ces témoignages, il est essentiel de ne pas minimiser votre expérience. La première étape est de nommer ce que vous vivez. Un épuisement toxique n’est pas moins grave qu’un burn-out. Il peut éroder votre estime de vous et nuire à votre santé mentale. Consulter un thérapeute peut vous aider à clarifier la situation et à retrouver votre équilibre. Parfois, changer d’environnement ou, si possible, mettre fin à ces relations toxiques est nécessaire.
Rappelez-vous : votre santé mentale est précieuse et mérite toute votre attention, que vous soyez en burn-out ou épuisé par des relations toxiques.
À propos de l’auteur
Frédéric Makhlouf, praticien en psychothérapie, dédié à guider ceux qui souhaitent entamer un parcours de résilience. Mon approche bienveillante encourage chacun à explorer ses difficultés pour retrouver équilibre et vitalité. Prêt à franchir le premier pas? Je vous propose un appel d’écoute pour vous accompagner dans cette démarche.