Dans le silence feutré de mon cabinet de psychothérapie, une histoire de résilience et d’amour familial s’est déroulée sous mon regard bienveillant. Un père de 42 ans, aux épaules alourdies par le poids de la perte de la mère de ses enfants, est venu chercher des réponses pour aider ses fils à naviguer à travers les tourments du deuil.

Emilie, mère de ses deux fils, partie trop tôt suite à une longue maladie, les a laissés dans un chagrin profond. Bien que séparés, la proximité émotionnelle entre le père et la mère demeurait palpable, tissée par les liens indéfectibles de l’amour parental. Ils étaient restés des parents unis pour leurs enfants et cultivaient une belle amitié. La perte fut d’autant plus douloureuse.

Ses fils, deux garçons, âgés de 12 et 15 ans, se retrouvent alors plongés dans les méandres du deuil, cherchant désespérément une bouée de sauvetage dans l’océan tumultueux de leurs émotions. C’est dans cette tempête que le père a décidé de se confier à moi, un acte de courage qui allait changer le cours de leur histoire.

En tant que psy, j’ai compris dès le premier instant que le chemin vers la résilience commençait par le père lui-même. Il était le phare qui devait d’abord retrouver sa propre lumière avant de pouvoir éclairer le chemin de ses fils. Inspiré par la sagesse de la courbe du deuil de KüblerRoss, j’ai guidé cet homme courageux à travers les 5 étapes nécessaires pour faire face à sa propre souffrance : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. 

Nous avons exploré ensemble les méandres de son chagrin, accordant à ses émotions la permission de s’exprimer librement. Dans la douceur de nos échanges, il a appris à honorer sa propre douleur tout en restant ancré dans le présent pour ses fils. Progressivement, les nuages sombres qui obscurcissaient son esprit ont commencé à se dissiper, laissant place à une lueur d’espoir. Avec chaque séance, le père retrouvait un peu plus de force et de résilience, prêt à être le roc sur lequel ses fils pourraient s’appuyer.

À travers ce voyage introspectif, le père a découvert que le deuil n’était pas un fardeau à porter seul, mais un processus de transformation partagé en famille. Armé de cette nouvelle compréhension, il s’est tourné vers ses fils avec un cœur ouvert et une écoute attentive. Chacun d’eux a eu besoin de trouver un lieu thérapeutique adapté. Le père les a guidés vers un(e) thérapeute chacun qui a su les écouter et les guider dans l’expression de leurs émotions face à la perte de leur mère. Ils ont tous appris à vivre avec une absence physique et ont appris à créer une présence spirituelle dans leur coeur. Petit à petit, les fils ont trouvé la force de continuer leur chemin, sachant qu’ils étaient soutenus par l’amour inconditionnel de leur père.

Aujourd’hui, cette famille a surmonté le deuil grâce à leur courage collectif et à leur détermination à se reconstruire. Le père, autrefois ébranlé par la perte, est devenu le pilier solide sur lequel sa famille peut s’appuyer dans les moments de turbulence.

Cette histoire poignante nous rappelle la puissance de l’amour et de la compassion dans le processus de deuil. En tant que thérapeutes, notre rôle est de guider nos patients sur le chemin de la guérison, en leur offrant un soutien inébranlable à chaque étape du voyage. Et parfois, c’est dans la quête pour aider les autres que nous découvrons la force de guérir nos propres blessures.