L’anxiété est un état émotionnel complexe qui touche de nombreuses personnes à travers le monde. Pour mieux comprendre ses mécanismes, le psychiatre Jean-Luc Ducher a développé un modèle, connu sous le nom de Schéma Général de l’Anxiété.
Ce schéma permet de décomposer l’anxiété en différentes composantes afin de mieux appréhender son origine, son développement, et les moyens de la gérer.

1. Les Composantes de l’Anxiété

Selon le schéma, l’anxiété se divise en trois composantes principales :
– Les pensées anxiogènes : Ce sont les idées et anticipations négatives qui surgissent face à une situation  perçue comme menaçante. Ces pensées sont souvent exagérées par rapport à la réalité, mais elles jouent un rôle central dans l’intensification de l’anxiété. Par exemple, une personne peut imaginer le pire scénario possible avant de passer un examen, même si ce scénario a peu de chances de se réaliser.
– Les émotions : L’anxiété est aussi une réaction émotionnelle intense qui se manifeste par une sensation de peur, d’appréhension ou de malaise. Ces émotions sont souvent accompagnées de symptômes physiques comme une accélération du rythme cardiaque, des sueurs, ou une sensation de vertige.
– Les comportements d’évitement : Face à l’anxiété, une personne peut développer des comportements pour éviter les situations qui la déclenchent. Bien que ces comportements puissent apporter un soulagement temporaire, ils renforcent souvent l’anxiété sur le long terme en empêchant la personne de confronter et de surmonter ses peurs.

2. Les Facteurs Déclencheurs

Le schéma met également en lumière l’importance des facteurs déclencheurs de l’anxiété. Ces facteurs peuvent être internes (comme des pensées négatives ou une sensibilité émotionnelle élevée) ou externes (comme des événements stressants ou des situations perçues comme menaçantes). Chaque individu possède un seuil d’activation de l’anxiété différent, influencé par son passé, ses expériences et sa personnalité.

3. La Spirale de l’Anxiété

Une des contributions majeures de Ducher est la notion de « spirale de l’anxiété ». Cette spirale décrit le processus par lequel l’anxiété s’auto-entretient et s’amplifie. Par exemple, une pensée anxiogène peut déclencher une réaction émotionnelle intense, qui à son tour pousse la personne à éviter la situation, renforçant ainsi la croyance que cette situation est dangereuse. Ce cycle se répète et l’anxiété devient de plus en plus difficile à maîtriser.

4. Les Stratégies de Gestion

Face à ce schéma, le Dr. Ducher propose plusieurs stratégies pour briser la spirale de l’anxiété :
– La prise de conscience des pensées : Identifier et analyser les pensées anxiogènes permet de les remettre en question et de les remplacer par des pensées plus réalistes.
– L’exposition progressive : Plutôt que d’éviter les situations anxiogènes, Ducher suggère de les affronter progressivement, ce qui permet de diminuer l’intensité de l’anxiété avec le temps.
– La relaxation et la respiration : Apprendre des techniques de relaxation et de respiration aide à réduire les symptômes physiques de l’anxiété, rendant plus facile la gestion des émotions.
Le schéma général de l’anxiété  est un outil précieux pour comprendre les dynamiques de l’anxiété. En décomposant ce phénomène en pensées, émotions et comportements, il offre un cadre clair pour identifier les facteurs déclencheurs et les mécanismes de maintien de l’anxiété. Grâce à ce modèle, les personnes peuvent mieux comprendre leur propre anxiété et adopter des stratégies pour la gérer efficacement.
Pour vous illustrer un peu mes propos, je voudrais vous proposer d’utiliser ce schéma général de l’anxiété avec trois personnages fictifs inspirés par mon expérience thérapeutique.
 1. Sonia
Sonia est une jeune femme qui travaille dans une grande entreprise de marketing. Depuis quelques mois, elle se sent de plus en plus submergée par ses responsabilités et commence à développer une anxiété qui affecte sa vie quotidienne.
– Pensées anxiogènes : Sonia pense qu’elle n’est pas à la hauteur de son poste et qu’elle va finir par échouer, ce qui la mènerait à perdre son emploi. Elle anticipe constamment des critiques de la part de ses supérieurs et imagine des scénarios catastrophiques où elle est publiquement humiliée pour une erreur.
– Émotions : Sonia ressent une peur intense chaque fois qu’elle doit présenter un projet ou recevoir un feedback. Elle est souvent envahie par un sentiment de panique, accompagné de palpitations et de sueurs froides.
– Comportements d’évitement : Elle commence à éviter de prendre la parole en réunion, délègue des tâches importantes à ses collègues, et retarde ses prises de décision par crainte de se tromper.
En tant que thérapeute, vous pourriez aider Sonia à identifier ses pensées irrationnelles, à les challenger, et à développer des techniques de gestion du stress pour faire face à ses responsabilités sans se laisser submerger par l’anxiété.
2. Jules
Jules est un adolescent de 16 ans qui a toujours été introverti, mais depuis qu’il a changé de lycée, son anxiété sociale a fortement augmenté. Il se sent incapable de s’intégrer et est paralysé par la peur d’être jugé par ses pairs.
– Pensées anxiogènes : Jules se répète souvent qu’il est différent des autres et qu’il ne sera jamais accepté. Il est convaincu que chaque petit faux-pas ou maladresse sera jugé sévèrement par ses camarades, ce qui pourrait le rendre la risée de l’école.
– Émotions : Il ressent une anxiété écrasante lorsqu’il doit interagir avec de nouveaux camarades ou participer à des activités de groupe. Cette anxiété se manifeste par des tremblements, une voix tremblotante et une transpiration excessive.
– Comportements d’évitement : Jules évite de parler en classe, de se mêler aux autres élèves durant les pauses, et décline toutes les invitations à des événements sociaux. Il préfère rester seul, même si cela renforce son sentiment de solitude et d’isolement.
Avec Jules, le travail thérapeutique pourrait se concentrer sur l’exposition progressive aux situations sociales, la restructuration cognitive pour changer ses croyances limitantes, et l’apprentissage de compétences sociales pour renforcer sa confiance en lui.
3. Sophie
Sophie est une mère de famille de 45 ans qui commence à ressentir une anxiété généralisée après avoir traversé plusieurs changements dans sa vie, notamment le départ de ses enfants pour l’université et une restructuration dans son entreprise.
– Pensées anxiogènes : Sophie s’inquiète constamment pour ses enfants, craignant qu’ils ne soient pas en sécurité loin d’elle. Elle est également préoccupée par sa situation professionnelle, imaginant qu’elle pourrait perdre son emploi et se retrouver sans ressources.
– Émotions : Elle ressent une angoisse diffuse qui la suit partout, avec des pics d’anxiété lorsqu’elle pense à l’avenir ou lorsque ses enfants ne répondent pas immédiatement à ses appels ou messages.
– Comportements d’évitement : Sophie vérifie fréquemment l’état de ses finances, consulte constamment les réseaux sociaux de ses enfants pour s’assurer qu’ils vont bien, et évite de discuter de ses propres sentiments avec son mari ou ses amis, de peur d’être un fardeau.
Dans ce cas, le travail thérapeutique pourrait inclure des techniques de relaxation pour diminuer les symptômes physiques de l’anxiété, ainsi que des interventions cognitives pour aider Sophie à prendre du recul par rapport à ses préoccupations excessives et à retrouver un sentiment de sécurité et de confiance en l’avenir.
Ces trois personnages fictifs montrent différentes facettes de l’anxiété et permettent d’illustrer comment le schéma général de l’anxiété peut être appliqué pour mieux comprendre et traiter ces situations en cabinet de psychothérapie.

À propos de l’auteur

Frédéric Makhlouf, praticien en psychothérapie, dédié à guider ceux qui souhaitent entamer un parcours de résilience. Mon approche bienveillante encourage chacun à explorer ses difficultés pour retrouver équilibre et vitalité. Prêt à franchir le premier pas? Je vous propose un appel d’écoute pour vous accompagner dans cette démarche.