Guérir de sa blessure d'abandon : l'histoire d'Antoine
Antoine a 33 ans. Il est Chef de projet dans une start up. Au premier abord, c’est un bel homme sportif, séduisant et sûr de lui. Pourtant, sa vie sentimentale est marquée par une série d’histoires brisées, toutes se terminant au bout d’un an. Chaque relation était émaillée par sa peur viscérale de l’abandon, une anxiété oppressante qui le consumait et le poussait à étouffer ses compagnes. Après une longue phase de mélancolie et de tristesse, il est venu me consulter dans mon cabinet de psychothérapie pour se libérer de ce schéma répétitif dans sa vie amoureuse.
Son besoin constant de proximité et d’assurance le conduisait à constamment à “étouffer“ ses partenaires. Il ne supportait pas la moindre séparation de quelques minutes à peine.
Au début de la relation, le feu de la passion fait que passer sa journée à s’écrire sur WhatsApp est normal. Vivre la passion à deux comme si on est seuls au monde est normal. Concentrer ses pensées sur l’autre paraît normal…. Mais au bout de quelques mois, quand la passion se transforme en relation de couple plus apaisée, les compagnes d’Antoine commencent à ressentir le besoin naturel de revoir des ami(e)s et de construire une vie plus équilibrée à deux dans laquelle l’intensité émotionnelle est plus diffuse dans le temps.
Pourtant, Antoine le percevait systématiquement comme une prise de distance révélatrice de la fin de leur histoire d’amour. Antoine était rongé par l’anxiété et les angoisses quand la passion se transformait en relation de couple classique. Il se construisait un monde de profonde solitude et de vide où la vie sans l’autre ne valait pas la peine d’être vécue. Il se métamorphosait en petit garçon apeuré et craintif de se retrouver seul au monde. Dans le calme, qui suit la passion chez ses compagnes, Antoine y voyait systématiquement les prémices de la fin. C’était plus fort que lui, il sentait que ses compagnes voulaient l’abandonner. Alors, il se faisait oppressant, envahissant, presque harcelant. Un message sans réponse pendant une heure se transformait en tragédie, en crise de jalousie ou en crise de colère.
« Tu ne m’aimes plus ?!
- Mais rien à voir, Antoine ! J’étais en réunion. Je travaille. Je ne peux pas toujours te répondre dans les cinq minutes.
- Je suis sûr que tu étais avec Jo.
- Mais, c’est un collègue de travail.
- Je suis sûr que tu te le tapes.
- Arrête, tu me saoules ! »
Les disputes étaient interminables et ses compagnes finissaient toutes par le quitter. Antoine en arrivait même à tout mettre en œuvre pour être abandonné le plus rapidement possible afin d’éviter le supplice de l’attente de cet abandon qui lui semblait inéluctable. Et le pire est qu’avec certaines de ses compagnes. Il se montrait odieux pour qu’elles le quittent.
Son histoire d’amour actuelle lui a finalement fait prendre conscience de son problème. Sa compagne lui a dit une phrase qui le hante encore : « Je ne suis pas ta mère ! Et je ne t’abandonne pas. Une mère ne peut pas désirer son enfant. Si tu veux que je continue à t’aimer et à te désirer, tu dois faire un travail sur toi. Va voir un psy ! »
Il a beaucoup hésité et douter avant de me contacter pour un premier rendez-vous. La force de sa blessure d’abandon semblait insurmontable, le plongeant dans un cycle infernal d’anxiété, de stress, d’angoisse et de dépression. Mais il voulait sortir de son cercle vicieux pour enfin vivre une relation d’amour et construire une famille avec sa compagne.
En travaillant ensemble, nous avons exploré les racines profondes de sa peur, remontant à son enfance où il avait vécu un abandon traumatique. Même si cet abandon avait une forte charge symbolique. Il s’est transformé en un scénario qu’il a joué de manière répétitive dans sa vie. Le traumatisme d’abandon résonne tel un écho dans le vide. Nous avons utilisé des techniques inspirées par les thérapies cognitivo-comportementales pour identifier et remettre en question les schémas de pensée négatifs qui alimentaient son anxiété et son besoin de contrôle.
Progressivement, il a appris à reconnaître ses émotions sans les submerger, à tolérer l’incertitude et à développer des mécanismes de coping sains pour faire face au stress. Nous avons également exploré des techniques de pleine de relaxation inspirées par l’hypnose et la méditation pour l’aider à calmer son esprit et à se connecter avec ses besoins émotionnels de manière plus authentique.
Au fil des séances, il a commencé à reconstruire sa confiance en lui et ses relations, en apprenant à cultiver des liens sains basés sur la communication ouverte et le respect mutuel. Il a progressivement abandonné ses comportements étouffants, réalisant que l’amour véritable n’est pas synonyme de possession, mais plutôt de liberté et de croissance individuelle.
Aujourd’hui, Antoine a trouvé un nouvel équilibre dans sa vie sentimentale, capable de s’engager dans une relation authentique avec sa compagne sans être assailli par la peur de l’abandon. Sa guérison n’a pas été un chemin facile, mais son courage et sa détermination à affronter ses démons intérieurs lui ont permis de se libérer des chaînes de sa blessure d’abandon et de trouver la paix intérieure.
Son histoire est un témoignage poignant de la puissance de la thérapie et de la résilience humaine face à l’adversité. En travaillant ensemble, nous avons transformé sa souffrance en force, lui permettant de s’épanouir pleinement dans ses relations et dans sa vie.
*Antoine a donné son accord pour le récit de son histoire. Il souhaite donner confiance à ceux qui veulent guérir de leur blessure d’abandon. Antoine est un prénom d’emprunt pour garantir son anonymat.
À propos de l’auteur
Frédéric Makhlouf, praticien en psychothérapie, dédié à guider ceux qui souhaitent entamer un parcours de résilience. Mon approche bienveillante encourage chacun à explorer ses difficultés pour retrouver équilibre et vitalité. Prêt à franchir le premier pas? Je vous propose un appel d’écoute pour vous accompagner dans cette démarche.