Perdre du poids grâce à la psychothérapie ?

Le surpoids concerne bon nombre d’entre nous. Et l’obésité est considérée comme un maladie chronique.
Pendant de nombreuses années, perdre du poids était souvent considéré comme une simple question de régime et d’exercice physique. Cependant, pour beaucoup de personnes, cette approche ne suffit pas. Les régimes alimentaires peuvent offrir des résultats temporaires ou, pire encore, peuvent nous inscrire dans un cercle vicieux de perte de poids et de reprise de poids avec un risque de croissance exponentielle.
Pour ma part, j’ai observé que les régimes ne s’attaquent pas aux causes profondes du surpoids.
La psychothérapie, en plus d’autres éléments d’un dispositif complet (médecin, nutritionniste, sport, etc.) peut permettre une solution durable et efficace pour comprendre les causes de son surpoids et aider à trouver ses propres habitudes alimentaires et au-delà en modifiant son rapport à la nourriture et surtout à son comportement face à l’alimentation.
Travailler en psychothérapie permet donc de :

1. Comprendre les Causes Émotionnelles

Les comportements alimentaires sont souvent influencés par des facteurs émotionnels. La psychothérapie aide à identifier et à comprendre les déclencheurs émotionnels qui conduisent à la suralimentation ou à la recherche de confort dans la nourriture. En explorant des éléments tels que l’anxiété, la dépression, le stress ou les traumatismes passés, la psychothérapie permet de traiter les causes sous-jacentes de la prise de poids.

2. Changer les Schémas Comportementaux

Les régimes se concentrent sur ce que l’on mange, tandis que la psychothérapie se concentre sur pourquoi et comment on mange. Grâce à des techniques inspirées par la thérapie cognitive-comportementale (TCC), les patients peuvent apprendre à modifier leurs schémas de pensée et de comportement destructeurs. Cela aide à développer des habitudes alimentaires plus saines et à long terme.

3. Renforcer l’Estime de Soi et l’Image Corporelle

Une faible estime de soi et une image corporelle négative peuvent alimenter les comportements alimentaires désordonnés. La psychothérapie travaille à renforcer l’estime de soi, aidant les individus à se voir sous un jour plus positif et à valoriser leur corps pour ce qu’il peut faire plutôt que pour son apparence. Cette acceptation de soi est cruciale pour une relation saine avec la nourriture.
4. Gérer son Stress et ses émotions
Beaucoup de gens mangent pour faire face au stress ou à d’autres émotions difficiles (un manque d’affection, de la tristesse, de la colère, etc). La psychothérapie enseigne des techniques de gestion du stress et des stratégies d’adaptation saines. Cela permet de réduire la dépendance à la nourriture comme mécanisme de gestion des émotions.
5. Identifier des solutions durables à long terme
Les régimes alimentaires peuvent entraîner une perte de poids rapide, mais souvent, les kilos reviennent une fois que le régime est arrêté. La psychothérapie vise des changements durables en abordant les comportements et les mentalités à long terme. Cette approche holistique est plus efficace pour maintenir une perte de poids sur le long terme.

6. Soutenir, accompagner et motiver

La psychothérapie offre un soutien constant et une source de motivation. Travailler avec un thérapeute permet de se sentir soutenu dans les moments difficiles, de célébrer les succès et de recevoir des conseils personnalisés. Ce soutien continu est crucial pour maintenir la motivation et persévérer malgré les obstacles.

Une expérience thérapeutique à partager 

J’ai envie de partager avec vous l’expérience d’un de mes patients. Avec son accord,  je vais utiliser un prénom d’emprunt, Sébastien (38 ans), par respect pour sa vie privée. Après une trentaine d’années d’échecs suite à des régimes, il va consulter son médecin. Ce dernier lui propose un dispositif médical dont une psychothérapie.
Sébastien me raconte son histoire.
Dès l’âge de quatre ans, Sébastien a commencé à prendre du poids de manière significative, une situation qui s’est maintenue jusqu’à ses 14 ans. À cet âge, il a réussi à perdre un peu de poids, mais les kilos ont commencé à revenir à partir de ses 16 ans. À 30 ans, Sébastien était obèse, et à 32 ans, il avait atteint un état d’obésité morbide. Chaque année, entre 32 et 39 ans, il perdait quelques kilos, atteignant parfois les 105 kg, pour ensuite inévitablement remonter à 122 kg après les fêtes de fin d’année (chaque année entre ses 32 et 38 ans).
Le travail de la psychothérapie lui a permis de comprendre les schémas sous-jacents à ses comportements alimentaires. Sébastien a pris conscience que son besoin de manger était étroitement lié à son histoire familiale et à sa relation avec sa mère. Il a réalisé que, dès qu’il ressentait un besoin d’affection ou une montée d’anxiété, il compensait par la nourriture. C’était plus fort que lui.
Le point de départ de son changement a été une prise de conscience profonde. En psychothérapie, Sébastien a appris à reconnaître et à explorer ses schémas émotionnels pour les comprendre. Il a compris que manger était pour lui une façon de combler un vide affectif, un moyen de chercher l’amour et le réconfort de sa mère. Il a cherché à comprendre la signification de ce vide.  Il avait besoin de remplir ce vide jusqu’à le faire saturer puis déborder. Il prenait conscience qu’il se détruisait. Une part de lui le haïssait. Il a réussi à comprendre qu’une part de lui qu’il n’était pas digne d’être aimé par sa mère donc pas digne d’être aimé en général. Alors il détruisait son corps à coups de nourriture. Puis, je l’ai guidé ans une analyse profonde du sens qu’il donnait à ses comportements alimentaires auto-destructeurs et ensuite la manière dont il vivait la culpabilité de manger de manière compulsive. Nous avons renforcé son estime de soi. Je l’ai mis face à ce qu’il avait accompli et surtout face à des personnes qui l’aiment avec authenticité. Il a également raconté à sa mère son sentiment de vide affectif. Elle n’en avait pas conscience. Leur communication a évolué positivement. Sébastien a compris que sa mère l’aimait bien plus qu’il ne l’imaginait. Cette prise de conscience a été cruciale pour qu’il puisse commencer à prendre soin de lui de manière différente.
Sébastien a cherché à comprendre comment se faire du bien, comment faire quelque chose de bon pour lui, puis, des choses bonnes pour lui. Cela s’est fait par étape.
Il a d’abord commencé à courir dix minutes par jour. C’était un petit pas, mais significatif. Il a eu de nombreuses rechutes. Je l’ai systématiquement soutenu. Il a persévéré. Peu à peu, il a construit une routine et une hygiène de vie plus saine. La psychothérapie lui a permis de comprendre qu’il méritait de faire un ensemble de bonnes choses pour lui-même, qu’il pouvait prendre soin de son corps et de son esprit. Il s’est intéressé à la nutrition. Il a réalisé que les aliments n’étaient pas destructeurs mais qu’ils pouvaient receler de nombreux bienfaits. Son métier lui imposant de nombreux déjeuners d’affaires au restaurant, il a appris à choisir ce qui était bon pour sa santé. Et il a trouvé un équilibre en s’adaptant à sa vie professionnelle.
En deux ans, il a perdu plus de cinquante kilos. Il en a même rajeuni.
Il a une vie saine, sportive tout en s’accordant quelques plaisirs deux à trois fois par semaine. Il a changé, non seulement, son hygiène alimentaire, mais toute son hygiène de vie.
La perte de poids de Sébastien est avant tout le résultat d’un travail psychologique intense. En changeant sa relation avec la nourriture et en apprenant à gérer ses émotions différemment, il a pu transformer sa vie. Aujourd’hui, Sébastien maintient une hygiène de vie équilibrée et se sent bien dans sa peau.
Son histoire est un témoignage puissant du rôle crucial de la psychothérapie dans la perte de poids. Pour ceux qui luttent contre l’obésité, il est essentiel de comprendre que la transformation physique commence souvent par un voyage intérieur. La psychothérapie peut offrir les outils nécessaires pour débloquer des schémas profonds et permettre une véritable transformation, non seulement du corps, mais aussi de l’esprit.
L’expérience de Sébastien montre que prendre soin de soi est un acte d’amour propre, et que, parfois, la clé de la réussite se trouve dans la compréhension de notre passé émotionnel. Puis, ensuite, dans la capacité à trouver du sens dans de nouveaux comportements positifs.
La psychothérapie va au-delà de la surface et s’attaque aux racines profondes des problèmes de poids. Elle offre une compréhension plus complète et des outils pour un changement durable. Tandis que les régimes peuvent offrir des solutions à court terme, la psychothérapie apporte une transformation de l’intérieur, menant à une relation plus saine avec la nourriture et soi-même.
Evidemment, cet article est un témoignage et une réflexion. En cas d’obésité morbide grave, je vous invite d’abord à consulter un médecin qui vous proposera un dispositif médical complet, dont la psychothérapie sera probablement un des éléments parmi d’autres.